Dans un article intitulé L’eau et ses enjeux dans la campagne aixoise, Marie-Claire Amouretti, Henri Amouric et Georges Comet, ont mené une enquête de détective pour suivre à la trace les différents changements d’appellation des ruisseaux de la Torse et du Baret au cours des siècles. Il faut s’accrocher mais ce travail permet de comprendre pourquoi au nord de l’Avenue des Ecoles Militaires, les cartes Michelin désignent encore de nos jours sous le nom Torse, le ruisseau Torse-Baret, ex Grand Baret venant de St Marc, que les Aixois appellent tout bonnement le ruisseau Baret.
Les auteurs précisent :
Bien que plus courte et plus réduite, qualifiée de ruisseau, la Torse joue un rôle extrêmement important dans les conflits engendrés par l’usage de l’eau. Mais il faut d’abord préciser le vocabulaire car un certain nombre d’erreurs se sont pérennisées à la faveur de changements de dénomination. Nous devons tenir compte de l’orthographe retenue par les cartes de l’I.G.N. (20.000′) lesquelles sont en contradiction avec les plans contemporains généralement utilisés dans la ville d’Aix, ce qui ne simplifie pas les choses.
On appelle actuellement Torse, sur ces cartes, la rivière qui prend sa source près de Saint Mare-Jaumegarde et qui était désignée au XVIII’ siècle sous le nom de Grand-Baret, nous l’appellerons Torse-Baret. On appelle actuellement Pinchinats le ruisseau qui descend dans le vallon du même nom et rejoint la Torse-Baret juste avant la route du Tholonet (D 17), mais cette dénomination date de la fin du XIX’ siècle (carte de 187l) et nos documents de 1819 et 182l parlent de la Torse (Touesse, Torsse anciennement). Nous appellerons cette branche Torse-Pinchinats.
Cette mise au point faite, l’article met l’accent sur différents conflits liés à la gestion de l’eau, qui apparurent au XVIII siècle entre propriétaires terriens et la ville d’Aix, dont celui qui donna lieu au fameux procès des eaux Baret qui dura 15 ans ! (1705 -1 720). Il s’agit par certains aspects d’une cocasse histoire de détournement d’eau qui tarissait l’alimentation de la Ville et qui se termina par la victoire de la Ville. Avec indéniablement, un coté pagnolesque dans ses nombreux rebondissements.
Finalement quel intérêt pratique peut présenter l’article de M.C Amouretti et al, pour les habitants du quartier. Cet article avec d’autres, pourrait nous permettre de retracer le passé hydraulique du quartier avec lavoirs et moulins, pour illustrer un parcours découverte autour du thème des sources d’eau tiède localisées entre la Torse et le Baret. Récemment Yves Dutour, responsable du Muséum d’Aix, mesura la température de ces sources qui varie grossièrement entre 10° et 20°. En extrapolant et en rêvant, on imaginerait volontiers une salle spécifique dédiée à une histoire de l’eau, dans une Bastide du Grand Baret rénovée, qui mettrait en lumière un aspect méconnu de l’histoire du quartier.
Hubert Capes